Dans tout ça tu vois, il manque une photo. Celle de ton visage et du mien. Arrêtons de nous mentir, arrêtons ce jeu pénible, ces faux semblants d'espoir qu'un beau jour tout redeviendra comme avant..."J'ai sur le bout de la langue ton prénom presque effacé, mais tu reviens et toujours tu reviens, comme un boomerang, comme un boomerang..." Je n'arrive pas, et surtout je n'ai pas envie. Il y a trois ans, tu es arrivée, tu t'es installée dans mon tout petit cœur, tu n'es pas du tout grosse et pourtant tu prends beaucoup de place, t'écrases les autres avec je ne sais pas quelle force. Et maintenant s'il te plaît, arrêtons de faire semblant que plus rien n'est possible, de se croiser et n'avoir rien à se dire, de tourner la tête quand l'une regarde l'autre de l'autre bout de cette cour qui sans toi me paraît immense, parce que rappelle-toi qu'on s'est promis un milliard de choses, arrête de penser que je t'oublie, pense plutôt que c'est toi la première personne qui est venue me parler dans ce collège d'où j'avais envie de m'enfuir en courant le deuxième jour de cette première année, ces choses-là ne s'oublie pas, je t'assure que quand je serai vieille et toute fripée je m'en rappellerai encore et toujours, tu vois un peu comme le premier amour ? Mais oui tu vois, puisqu'il y a un mois encore tu ne pouvais pas t'arrêter de m'en parler. Ben voilà, c'est comme ça. Moi je n'oublie pas ça comme quelqu'un jamais son premier amour. C'est ridicule, tout ça est ridicule, je suis nulle pour ce genre de chose tu sais...Mais je t'écris tout ça ici parce que tu me connais, et je ne me vois pas du tout à côté de toi en train de te parler de ça sans bafouiller ou me forcer à sourire de temps en temps. Trois mois sans toi c'est beaucoup trop long. Reviens-moi.